Systématique - Description - Reproduction - Ecologie - Protection - Hybrides
Les Orchidées des Provence font partie d'un des groupes de plantes qui contient le plus d'espèces (près de 800 genres et plus de 30 000 espèces connues à ce jour). Ces espèces sont regroupées dans une famille (les Orchidacées, Orchidaceae)) qui comprend lui-même 5 sous-familles :
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![]() Miltonia |
Les Orchidacées font partie de l'embranchement des Spermatophytes (plantes à graine), du sous-embranchement des Angiospermes (plantes à fleur), de la classe des Monocotylédones (un seul cotylédon) et de l'ordre des Asparagales.Pour plus de précision, consultez le tableau systématique tiré des livres de P. DELFORGE (2001) et de la Société Française d'Orchidophilie (1998).
Les Orchidées de Provence font partie à une exception près (Cypripedium) de la famille des Orchidacées. Les numéros entre parenthèses renvoient aux photos d'exemples.
La fleur comporte 3 sépales (1,6) et 3 pétales (4) dont l'un, nettement différencié, s'appelle le labelle (7). Celui-ci se trouve en général dirigé vers le bas, bien qu'il s'agisse du pétale supérieur: une rotation à 180° du pédicelle ou de l'ovaire (résupination) l'amène à cette position. Quelques espèces ont le labelle tourné vers le haut, soit par absence de résupination (Epipogium, Nigritella), soit par une résupination de 360° (Hammarbya, absente en Provence). Il est plus ou moins découpé en différents lobes (18), parfois terminé par un appendice (9) plus ou moins développé, et présente chez certains Ophrys 2 bosses latérales, les gibbosités (8). Chez certaines espèces (Cephalanthera, Epipactis, Serapias), le labelle est divisé en 2 par un rétrécissement: la partie basale se nomme hypochile (13) et la partie extrême épichile (14). Le labelle peut aussi être prolongé en arrière par un éperon (16) plus ou moins long. Enfin, sa face supérieure peut être ornée d'une macule (12) plus ou moins colorée et brillante. |
Ophrys incubacea Ophrys aurelia Epipactis helleborine Anacamptis picta |
Les Orchidées de Provence ont toutes un système racinaire bien développé: ce peut être un rhizome court avec des racines de formes diverses (en pelotes: Neottia, en massue: Limodorum), un rhizome avec de nombreuses branches (Corallorhiza, Epipogium). La plus grande partie des espèces possède néanmoins des tubercules, ronds (Ophrys, Orchis), palmés (Coeloglossum, Dactylorhiza), ou avec des formes diversement allongées, fuselées ou digitées. Chez les Ophrys par exemple, il y a 2 tubercules à la floraison: celui de l'année antérieure qui a permis la pousse de la nouvelle tige, et le nouveau disposé à côté qui va assurer à la plante la survie pendant la mauvaise saison et la floraison suivante.La tige est unique, dressée. Les feuilles sont entières, aux nervures longitudinales parallèles (sauf pour Goodyera qui possède un réseau de nervures secondaires), disposées en rosette basale (Ophrys) ou réparties le long de la tige.
La fécondation se fait chez la plupart des espèces de manière croisée. Seules quelques espèces pratiquent l'autogamie, c'est à dire une fécondation autonome dans la fleur même: cette fécondation peut parfois s'effectuer dans le bouton floral lui-même (cléistogamie): Epipactis leptochila par exemple. Certaines espèces comme l'Ophrys apifera utilisent l'autogamie lorsque la fleur n'a pas été visitée par un insecte. |
Ophrys apifera: autogamie
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En Provence, les Orchidées ont colonisé à peu près tous les milieux, à l'exception du milieu maritime et de la très haute altitude. Elles résistent très bien aux incendies de forêt, et sont favorisées par le fauchage des prairies, le débroussaillage des sous-bois et le pâturage. Les Orchidées étant toutes des espèces vivaces, vivant de nombreuses années, elles peuvent réapparaître après des années lorsqu'un débroussaillage ouvre le milieu et leur donne l'occasion de fleurir. Elles peuvent ainsi resurgir après de nombreuses années de vie uniquement souterraine. En Basse-Provence, les talus routiers sont des milieux très favorables, et d'importantes colonies se développent le long des routes. Les garrigues renferment de nombreuses espèces, malgré la pauvreté et la sécheresse du sol. D'ailleurs, beaucoup d'espèces ne supportent pas des sols trop riches, et l'amendement artificiel de certaines prairies peut les faire disparaître. Certaines espèces, comme beaucoup d'Ophrys, sont inféodées à un sol calcaire. D'autres ne poussent que dans des milieux acides (beaucoup de Serapias), ou dans des milieux humides (certains Dactylorhiza et Epipactis palustris par exemple).La plupart des espèces provençales sont autotrophes: elles se nourrissent grâce à leur propre chlorophylle. Cependant, il existe quelques espèces saprophytes, dépourvus de chlorophylle comme Epipogium et Neottia, ou qui en possède encore comme Limodorum et Corallorhiza.
De nombreuses espèces d'Orchidées de la région sont rares ou fragiles. Certaines doivent leur rareté au fait qu'elles soient en limite de leur aire de répartition (Ophrys ciliata par exemple), ou qu'elles soient inféodées à un milieu rare (espèces des tourbières, Liparis loeselii, etc..). D'autres ont été décimés par le ramassage (Cypripedium calceolus), ou par l'urbanisation galopante du littoral (disparition d'Orchis collina par exemple). La création du Conservatoire du Littoral, puis celle des Conservatoires Botaniques (2 dans la région: Porquerolles et Gap-Charance) a permis de sauver quelques stations précieuses. La prise de conscience récente sur les nécessités d'une conservation accrue des milieux sauvages permet d'espérer une meilleure situation dans l'avenir. La Société Française d'Orchidophilie (adresse au numéro 1 des lectures) mène également une action de connaissance (cartographie) et de protection qui permettra de mieux connaître donc de mieux protéger les Orchidées. Enfin, de nombreuses espèces sont maintenant protégées soit au niveau natonial, soit au niveau régional: leur cueillette et leur destruction par tout autre moyen est interdit et condamné (liste des espèces protégées).
En raison de leur mode de fécondation, les Orchidées de Provence sont souvent "victimes" d'erreur de la part des insectes pollinisateurs. Cela entraîne un taux d'hybridation élevé chez certaines espèces proches (Ophrys provincialis et O. incubacea, Orchis militaris et O. purpurea, Serapias lingua et S. olbia par exemple). L'hybridation se produit quelquefois chez certaines espèces éloignées dans le même genre (hybrides interspécifiques) et même entre des espèces de genres différents (hybrides intergénériques). Par exemple, on trouve des hybrides entre les Ophrys du groupe sphegodes, dont les insectes pollinisateurs adoptent une position tête en avant pour la pseudocopulation (pseudocopulation céphalique) et les Ophrys du groupe fusca, dont les insectes ont une position abdomen en avant (pseudocopulation abdominale). Le fait que les insectes tournent beaucoup quand ils sont excités par la fleur n'est pas étranger à ce fait. On trouve également des hybrides entre les Serapias et les Orchis, entre autres.